Drosera Pitre_ Pure pître 8// Teuf sous le pont

Porte Maillot, minuit, plus une caisse pour relayer le message, la direction, l‘endroit… On était pourtant une dizaine à faire le pied de grue sous la façade du palais des congrès, louzé par le rendez-vous du Check-Point une heure plus tôt. Laurenzo est là avec Alice à me taper mon sky pour soulager sa dent bouffée par les tazs. Mais y a aussi Jack, Djess, Licote, Zed et Reiko se disputant la dernière bière ; alors que l’apéro degré 2 se préparait sous la forme d’un breuvage au rhum-orange et un autre sky-coke en attente, si ‘Enzo consent à lâché la Label 5.

Une teuf OQP était déjà en place, avec pt’ être même PH4 si le squat est bon et serait située aux dernières nouvelles en grande, grande banlieue… une à deux heures de route à tout casser. Le décollage du studio de Licote avait été long aussi bien à attendre Reiko qui s’était carapater une demi heure afin de chopper d’la C métro La Motte-Picquet, qu’écluser les binches et bouffer un peu quand même.

Enzo et sa poule, en simple piéton, avait gueulé quand il nous a vu débarqué aviné dans ma p’tite Clio « CPR » blanche entassé à 6, alors qu’il aurait pu partir une heure plus tôt avec des chep’ chep’ en caltard … Mais v’la, au moins deux d’entre nous étaient dans la même galère, alors tant qu’à poiroter, autant bincher à plein!

Mais v’là que deux caisses tunées jusqu’au bas de caisse-néon déboule du périph’ et pile devant Reiko qui vagit un « Nan, mais ça va pas ! » avant de lâcher une galette sur le phare de la vielle BM 740.

Jack brumise de rire une goulée orangé sur Zed’ qui sait pas comment le prendre ... Le conducteur gominé s’éjecte de l’intérieur cuir rouge, et sans capter l’affront lâche un « z’êtes là pour la teuf ? On est du sound système, z’êtes près à rouler, c’est grave loin : Cheverny dans le 77... » Jess a l’affût du moindre symptôme : « z’avez du Speed les mecs ? »

- ouais mais y a un blème : on est huit pour une caisse : vous pourriez chopper trois ou même quatre d’entre nous ?

- y a moyen … qu’la tox monte, j’ai tout ce qui faut : j’me présente : Ivan, dealer. »

Djess et Reiko se précipitent à l’arrière, Zed leurs emboîte le pas, avec la touche qu’il a avec la belle jap’, il veut penser à ferrer avant que le gominé coupe le fil.

La Seat Cordoba aux 16 pouces qui était restée en retrait part en trombe à la suite de la BM noir … « Oh putain !! » On s’empaquète en 5 secs dans ma p’tite caisse alors que les deux néons s’arrêtent au feu rouge de l’avant-course. J’y arrive quand le feu passe au vert, les deux tunées s’engouffrent en deux temps dans les quatre voies moutonneuses, commençant à slalomer entre les files.

- Raaah, putain ! Les enculééééés » je pousse à fond chaque régimes de la 16 S de ma divorcée de mère et parvient à les coller à près de 160 à l’heure zigzagant entre les caisses qui ont l’air à l’arrêt. Jack enfonce un Spiral Trib dans le mange-CD et gigote du doigt occupé qu’il est à faire des petits monticules de coke dans les lunettes sous-nez - il me les tend avec un « tiens mec, … en fournnnne!

J’enfile les lunettes de laborantin et me met à aspirer sévère la poussière blanche en gardant en ligne de mire le dernier néon qui ondule gauche-droite sur la piste chaloupant frénétiquement. Moteur hurlant, sortons porte de Vincennes pour s’engouffrer sur la N104, la circulation y est plus clairsemée, la première goutte amère dégouline dans mes sinus alors qu’une montée tend mon talon en pression sur l’accélérateur, la caisse bondit sur un aplat, plane quelques secondes avant de rentrer dans un tunnel : bien mieux que Road Rash, j’appui sur le champignon sans trouvé la manette de la bombonne d’azote liquide. Par saccade, les néons épileptiques passe en ligne continue alors que j’embraye la 6éme et grille le second néon et gueule la fenêtre ouverte : « Renault Sport, j’u l’plus foooooooort !

Dans la BM, Licote tire des yeux ronds sur Jack, la tête bêche sur le cadre de la portière : il y gerbe tripes et boyaux en dégoulinure limasseuse sur la fenêtre arrière …

J’éructe et gueule « Rhaaaaaaa!

Ludwig gueule un truc lui aussi, mais comprends pas, j’acquiesce d’un « Ouaiiiiiiiis, on les a niquééééééééééé!!

On arrive dans la nuit noire où des points de lumière par-ci par-là émergent de la campagne à perte de vue. Le néon qui cligne vers une aire de repos.

Au freinage, ‘fini par entendre Enzo à base de putain, merde, j’en ai plein l’fute !

A l’arrêt, une odeur bileuse m’emplie les narines libérées et m’aperçoit que sa poule lui à vomit sur les genoux devant l’impossibilité d’ouvrir la fenêtre dégoulinante …

De son côté, Licote se réveille d’un coup, un filet de bave brillant sur sa parka s’accroche encore à ses lèvres entrouverte.

Reiko déboule, extatique et se cache derrière la caisse pour pisser hors d’attente du Pitt Bull du néon qui chiait quelques mètres plus loin.